Le ton était donné avant le conseil communautaire du Grand Annecy le 12 mai. En effet, les élus ont été reçus par une manifestation pacifique d’une dizaine de membres des Amis de la Terre 74. Ces derniers s’opposent aux futurs aménagements du Semnoz, point le plus débattu en séance publique.
La proposition d’aides
Le point 38 à l’ordre du jour concernait un partenariat financier avec le Département qui veut faire de la Haute-Savoie le 1er département nordique de France. « On vote une convention pour recevoir des aides du Département », a rappelé la présidente de l’Agglo, Frédérique Lardet.
Cette convention fait suite à la délibération du conseil départemental du 4 avril dernier, à savoir, subventionner à hauteur de 2,830 millions € sur 6,350 millions € d’investissement pour le Semnoz.
L’aide permettra d’améliorer et sécuriser l’offre nordique, à condition que les tarifs de ski nordique soient gelés jusqu’en 2027 pour les familles, enfants, publics vulnérables et scolaires. De sécuriser l’alimentation en eau potable de la calotte sommitale. Et de créer une luge 4 saisons.
La contestation
Fabienne Grébert voit ce projet de développement comme « éminemment politique », rapportant au passage les propos de Martial Saddier, président du Département, qui aurait dit que « le Semnoz n’est pas un jardin et que la contemplation n’est pas rentable ». La conseillère régionale EELV a aussi rappelé à Frédérique Lardet l’alliance des Municipales au cours de laquelle « il n’a jamais été question de transformer cet espace naturel en Disneyland ».
En retour, la présidente a indiqué que la subvention, « que nous n’allons forcément pas refuser », va permettre de faire « des économies sur l’investissement nécessaire au ski nordique ».
François Astorg voyait dans le Semnoz « l’opportunité unique de faire un modèle de transition écologique. Le Semnoz est plus qu’une montagne. C’est un symbole ». Sa demande de retrait de la délibération n’a pas trouvé écho auprès de la présidente.
La gestion de l’eau
La création d’une desserte en eau potable inquiète quelques élus, à l’image de Guillaume Tatu pour qui « il n’y a pas eu d’études hydrauliques approfondies ». Ce qu’a infirmé Pierre Bruyère.
De son côté, Marc Rollin a souligné « l’avis favorable de la commission Environnement, à condition que cette eau ne serve pas qu’à la fabrication de la neige de culture » et au maintien du pastoralisme.
La luge 4 saisons
Cette nouvelle activité fait tiquer des élus. Elle-même « très circonspecte » par cette luge, Frédérique Lardet a tenu à « rassurer » l’assemblée sur cet équipement qui « n’est pas inscrit au budget » et qui sera débattu au moment venu.
D’ailleurs, les trois volets d’aides du Département ne sont pas liés.
La décision des élus
À l’issue du vote électronique, le Grand Annecy a voté majoritairement en faveur de ce partenariat financier (60 Pour, 24 Contre et 6 abstentions).
Nul doute que l’avenir du Semnoz, sujet ô combien délicat, continuera de faire débat.
Un classement national
C’est la proposition faite par Marie-Luce Perdrix, maire de Gruffy (l’une des 9 communes historiques du Semnoz), et adoptée par son conseil municipal le 5 mai dernier.
Consciente des besoins en eau potable pour le pastoralisme, l’élue communautaire ne cache pas sa crainte de dérives sur ce lieu, « classé espace naturel sensible par le Département », dont le plan de gestion global est en cours de réalisation.
« Si aujourd’hui, la préservation fait l’unanimité des décideurs, nous devons nous prémunir contre de futurs projets. Nous proposons un classement national au titre du paysage dans le cadre de la directive paysage « Semnoz site classé ». Nous serions dans la continuité de nos prédécesseurs en ouvrant aussi des perspectives d’avenir, répondant à l’évolution climatique ».
Date de mise à jour : 31/10/24
Date de création : 24/05/22
Source : Florian Pottiez