Un peu plus d’un mois après la réouverture des restaurants, l’activité a repris à Annecy grâce aux nombreux touristes. Pour autant, les professionnels craignent de voir leur activité chuter en septembre.
« Tous les indicateurs sont au vert mais je ne fanfaronne pas », résume Cédric Chaix, le gérant de L’Etage, une brasserie du centre-ville d’Annecy. Le 2 juin dernier, nous l’avions interrogé à la réouverture de son établissement, paré pour accueillir les clients malgré le coronavirus . Un mois plus tard, il reconnaît qu’il n’aurait pas pu espérer mieux : les clients sont là et dépensent même plus qu’avant. « Nous n’avons pas eu de baisse de fréquentation, et même un meilleur ticket moyen », se réjouit Cédric Chaix. À la réouverture, il avait rappelé la moitié de son équipe. Aujourd’hui, 90% d’entre eux sont revenus travailler. Sur les groupes Facebook de petites annonces dans la restauration à Annecy, les offres d’emplois pullulent. Ceux qui s’osaient pas recruter pour la saison en juin ont besoin d’agrandir leurs équipes pour répondre à la demande.
Une première semaine difficile
Les restaurateurs d’Annecy conviennent tous d’une excellente reprise de l’activité. Le mois de juin 2020 a été quasiment identique (entre 5% et 20% de chiffre d’affaires en moins par rapport à juin 2019) alors que les événements importants du début de l’été - Festival international du film d’animation, fête de la musique - n’ont pas eu lieu. La reprise a été progressive : « La première semaine, nous faisions 40 couverts contre 90 habituellement. Je me suis inquiété », reconnaît Ludovic Tastet, le responsable de salle du Freti.
Cette institution de la cuisine savoyarde a sûrement pâti de la mauvaise météo au mois de juin et de la réticence de certains clients. À quelques rues de là, la brasserie Saint-Antoine a même décidé d’attendre une semaine avant de rouvrir, « Je savais que ça n’allait pas bosser », justifie Jérome Hémon, le propriétaire. Rapidement, les angoisses se sont dissipées. Aujourd’hui toutes les équipes assurent avoir intégré les mesures sanitaires. « Au bout de 24h on s’est habitués », se souvient Cédric Chaix. Les clients, en revanche, ont tendance à oublier les règles : difficile de faire respecter un sens de circulation ou le port du masque pour aller aux toilettes. « C’est moi qui distribue le gel hydroalcoolique aux clients en arrivant », s’amuse Ludovic Tastet du Freti. Il a bricolé une accroche fixée sur le pupitre où est exposé le menu pour avoir le bidon de liquide à portée de main lorsque les clients se présentent sur sa terrasse.
Sauvés par le tourisme régional
Les Suisses et Italiens sont revenus dès la réouverture des frontières. Le week-end, les rues sont bondées : « il y a un effet de rattrapage », dans la consommation constate Cédric Chaix. Les touristes français ont remplacé les Chinois, Saoudiens ou Américains qui remplissent habituellement les terrasses d’Annecy l’été. « Ils viennent de Normandie, de l’Est, un peu de partout en France », remarque Patrice Zerbola, patron de The Little Italy, une pizzeria de la vieille-ville. Dans son établissement, les habitués sont aussi revenus en nombre.
« On fait très attention à notre clientèle locale puisqu’on compte dessus pour le reste de l’année. »« L’année » justement, inquiète la profession. « En septembre nous allons devoir faire face à une baisse de l’activité pour notre clientèle d’affaires, à une potentielle deuxième vague et à la fin des terrasses », prévoit Cédric Chaix de l’Etage. Aujourd’hui, les terrasses sont étendues comme dans de nombreuses villes françaises. À l’automne, les clients devront prendre leurs repas à l’intérieur, dans une plus grande promiscuité. L’incertitude de la situation économique et sanitaire dans le pays angoisse les équipes qui doivent déjà rétablir, quand cela est possible, un semblant de trésorerie. « On subira comme tout le monde », craint Jérome Hémon du Saint-Antoine.
L’instauration du télétravail et la baisse des déplacements d’affaires, par manque d’activité ou de budget des entreprises, pourront être désastreuses pour certains établissements. Chamonix ou Paris : tous ont vu les images des terrasses vides là où de nombreux étrangers séjournent habituellement. Aucun n’a de mal à reconnaître ce qui relève de l’évidence à Annecy : ils sont pour l'instant des restaurateurs chanceux.
Date de mise à jour : 18/11/24
Date de création : 20/07/20
Source : Clara de Beaujon