Ils ont autour de 30 ans et ont complètement changé de vie ces derniers mois. Délaissant un appartement classique pour une maison de taille réduite. Ces Annéciens, qui ont ouvert leur porte à l’Essor, vivent aujourd’hui dans une «tiny house» implantée sur un ancien camping à 10 km d’Annecy.
Un choix économique et une philosophie :
Aurélie et Stefano, professeurs d’italien trentenaires, ont repéré le terrain fin 2019 avant de contacter les propriétaires qui ont accepté leur installation en mai 2020. Le couple sortait de plusieurs années de location. « On ne se voyait pas repartir dans du dur. Sur Annecy, c’est impossible d’acheter », raconte-t-elle.
Ils optent donc pour la construction de leur micro-maison. « C’était vraiment quelque chose que j’avais en moi depuis longtemps », confie Aurélie, qui s’est renseignée sur cette solution via internet. « Je suis zéro déchets, je n’ai plus de voiture, je ne me déplace qu’à vélo. J’ai des démarches écologiques dans ma vie donc ça me correspond bien. »
Une « sensibilité écologique » que partage Alice, 28 ans, leur voisine, qui a emménagé un an après dans une autre tiny house à côté de chez eux. Elle a envisagé d’acquérir un appartement mais a préféré cette solution. « J’avais toujours eu en tête mes parents qui parlaient du jour où ils allaient finir de payer leur crédit et je me disais : je n’ai pas envie que ça soit quand j’ai 60 ans. »
La vie au quotidien :
Comment vit-on dans une vingtaine de mètres carrés ? Bien, à les entendre. « Même si c’est petit, on a des espaces qui sont assez bien séparés », précise Stefano. Lorsque l’un d’entre eux veut être tranquille, il peut ainsi monter dans la mezzanine quand l’autre reste dans le coin salon en bas. Pour lui, « c’est sympa, chaleureux, et on a tout à portée de main ».
Cuisine, douche, WC, électroménager, lit… On y retrouve les équipements d’une maison, mais en beaucoup plus condensé. Les deux habitations sont raccordées aux réseaux (eau, électricité…) et il y a même une box internet 4G chez Alice pour lui permettre de télétravailler. La jeune femme, « claustrophobe », avait peur de se sentir à l’étroit. Finalement, « non, parce qu’avec les fenêtres j’ai l’impression d’habiter dans une véranda tout le temps », témoigne-t-elle.
Par contre, difficile de recevoir beaucoup de monde à l’intérieur. « Ça fait vite beaucoup quand on est plus de trois dans la tiny, avec les affaires, on se marche dessus », reconnaît Aurélie. Et, « si des gens viennent dormir, il n’y a pas d’intimité ». Mais sinon, ils ont suffisamment de place pour les propres affaires. « Ce qui est important, c’est vraiment de prévoir un espace pour chaque chose. Il ne faut rien laisser traîner », conseille Stefano.
Budget et consommation :
Comme l’espace est petit, « ça chauffe assez vite et ça ne demande pas beaucoup d’énergie par rapport à un grand appartement de 80 m2 », assure-t-il. Et l’été, les nombreuses fenêtres offrent une bonne ventilation. Résultat, la tiny house permet de réaliser des économies.
Alice évalue son budget d’électricité, lissé sur l’année, à une quarantaine d’euros par mois. « L’été, on ne consomme même pas 10 euros, mais l’hiver ça peut monter jusqu’à 80-100 euros », calcule Aurélie. En ajoutant, les 280 euros de loyer mensuels pour louer le terrain nu (avec l’eau), elle évalue à 150-160 euros par personne et par mois sur l’année le loyer et les charges. « Sur Annecy, c’est sûr que ça bat toute concurrence ! »
Seul bémol, l’hiver, l’humidité. « Il y a des problèmes de condensation », avoue Stefano, qui a prévu de s’équiper d’un déshumidificateur.
Aucun regret :
Au final, après cette expérience de 8 et 20 mois en micro-maison, ils affirment n’avoir aucun regret. « J’ai l’impression que ça m’a déstressée, ça permet de ralentir un peu le rythme. Il y a moins de choses à faire, moins de temps à ranger et à nettoyer, donc c’est du temps que tu peux utiliser pour faire autre chose », dépeint Alice (voir le compte Instagram de son projet).
Et Aurélie de renchérir : « Les gens me disent : c’est temporaire, quand t’auras une vraie maison… Mais, c’est ma vraie maison ! ».
D’où ça vient ? :
« Tiny», en anglais, signifie tout petit, minuscule. En l’occurrence, on parle ici de maison (house). En français, cela donne micro-maison. « Ce phénomène vient des États-Unis. Il y a eu, il y a une vingtaine d’années, un double mouvement : une démarche volontaire d’aller vers un habitat plus petit et une démarche forcée suite à la crise des subprimes », raconte Benoit Dubois, gérant de l’entreprise Tiny House Annecy. D’après lui, le mouvement a gagné la France il y a près de 10 ans. « Il y a eu un boom là-dessus parce que beaucoup de personnes se sont rendu compte que ça leur correspondait vraiment et qu’il y avait une autre solution que l’appartement, la maison classique. »
Date de mise à jour : 31/10/24
Date de création : 17/02/22
Source : Maxime Petit